Alain Mabanckou, Écrivain, professeur de littérature francophone à UCLA, Professeur invité au Collège de France à la chaire de création artistique pour l’année académique 2015/2016. La leçon inaugurale de son cycle d’enseignement au Collège de France « Lettres noires : des ténèbres à la lumière » est publiée aux Éditions Fayard/Collège de France. « Le monde est mon langage », aux Éditions Grasset, 2016.
Entretien avec : Yahia Belaskri, Écrivain, journaliste. « Les Fils du Jour », aux Éditions Vents d'Ailleurs, 2015
Suivi de dédicaces en Salle des Fêtes.
Intervenant
• Alain Mabanckou
Né en 1966 au Congo, Alain Mabanckou est l'auteur de plusieurs romans, dont Mémoires de porc-épic (Seuil, 2006) pour lequel il a reçu le prix Renaudot. Il vit à cheval entre les États-Unis, où il enseigne la littérature francophone à UCLA , et la France. Son œuvre est traduite dans une vingtaine de langues.
Born 1966, Congo, Alain Mabanckou is a prolific Francophone Congolese poet and novelist whose wordplay, philosophical bent, and sometimes sly and often absurd sense of humour resulted in his being known in France as “the African Samuel Beckett.” (Encyclopaedia Britannica ). He currently lives in LA, where he teaches literature at UCLA. He is the author of six volumes of poetry and six novels. He is the winner of the Grand Prix de la Littérature 2012, and has received the Subsaharan African Literature Prize and the Prix Renaudot. His previous books include African Psycho, Broken Glass, Memoirs of a Porcupine and Black Bazaar. In 2015 he was listed as a finalist for the Man Booker International Prize.
PRIX (AWARDS)
Prix de la Société des poètes français, 1995 pour L'usure des lendemains
Grand prix littéraire d'Afrique noire, pour son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge, 1999
Prix du roman Ouest-France-Etonnants Voyageurs 2005, pour Verre cassé
Prix des cinq continents de la francophonie 2005, pour Verre cassé
Prix RFO du livre 2005, pour Verre cassé
Prix Renaudot 2006, pour Mémoires de porc-épic
Prix de La Rentrée littéraire 2006, pour Mémoires de porc-épic
Prix Aliénor d'Aquitaine 2006, pour Mémoires de porc-épic
Prix Créateurs Sans Frontières 2007 (Ministère français des Affaires Étrangères), pour Mémoires de porc-épic
Médaille de citoyen d'honneur de la ville de Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime, France), 2004
Chevalier de la Légion d'honneur par décret du Président de la République française, 2010
Prix Franco-israélien Raymond Wallier 2009 pour le roman "Verre Cassé" traduit en hébreu
Prix Georges Brassens 2010, pour Demain j'aurai vingt ans
Médaille Citoyen d'honneur de la ville de L'Haÿ-les-Roses, France, 2012
Grand Prix de littérature Henri-Gal 2012, prix attribué par l'Institut de France et remis sur proposition de l'Académie française pour l'ensemble de l'œuvre.
Prix Prince-Pierre-de-Monaco 2013 pour l'ensemble de l'œuvre, prix attribué par la Principauté de Monaco.
Finaliste du Premio Strega Europeo 2015
Finaliste du Man Booker International Prize 2015.
Né au Congo, partageant son temps entre la Californie où il enseigne comme professeur de littérature à UCLA (University of California – Los Angeles), Paris où il a fini ses études, et le monde qu’il parcourt pour présenter ses livres, Alain Mabanckou est un auteur en langue française pour qui sa langue n’est pas enfermée dans le carré français. Loin de là, elle est parlée dans le monde entier par les gens les plus passionnants et les plus inattendus.
Le monde est mon langage est le tour du monde de la pensée et des émotions telles que la langue française les véhicule, par les gens les plus divers, célèbres ou inconnus, adolescents ou vieillards, Haïtiens ou Français. Alain Mabanckou les a rencontrés et nous les raconte, en une suite de portraits admiratifs et aimants. JMG Le Clézio ou un inconnu de la Nouvelle Orléans, Sony Labou Tansi qui, au Congo, écrivait dans des cahiers à spirales devant deux posters du Che Guevara, bien d’autres encore.
Ils ont ces mots en partage et ils les partagent. Leur langage est notre monde..
Yahia Belaskri est né à Oran (Algérie). Après des études de sociologie, il est responsable des ressources humaines dans plusieurs entreprises algériennes puis se tourne vers le journalisme. Un an après les émeutes d’octobre 1988, il décide de s’installer en France.
À travers de nombreux articles, des essais et des nouvelles ainsi que sa participation aux travaux de recherches sur la Mémoire de la Méditerranée, il pose un regard critique empreint d’un profond humanisme sur l’histoire de l’Algérie, de la France et des rapports si conflictuels entre ces deux pays.
Pour ce journaliste algérien installé en France depuis les émeutes de 1988, écrire est un acte de liberté. A travers de nombreux articles, essais et nouvelles, il pose un regard critique empreint d’un profond humanisme sur l’histoire de l’Algérie, de la France et des rapports si conflictuels entre ces deux pays. S’il sait dépeindre la misère, la violence des guerres civiles en Algérie, il ne sombre jamais dans la fatalité. Yahia Belaskri croit avant tout dans la force de l’homme, la capacité des peuples à écrire leur histoire.
Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut évoque les destins tragiques d’un homme et d’une femme rattrapés par les violences religieuses et le poids de l’histoire algérienne récente : une plongée sans complaisance dans la décennie noire, ce roman lui a valu en 2011 le Prix Ouest France-Étonnants Voyageurs.
En 2012, paraît Algéries 50, co-dirigé avec Elisabeth Lesne. L’année de la célèbration du cinquantenaire de l’indépendance, confier l’écriture d’Algéries 50 à 25 écrivains est une manière de contourner le discours officiel et de rendre le sort de l’Algérie à son peuple. Cinq ans après les premières révoltes du Printemps arabe, Yahia Belaskri apporte une dimension historique mais aussi humaine à ces événements désormais historiques. Pour lui l’écriture est ici un moyen de s’approprier l’histoire : " Ceux qui n’ont pas les mots périssent. Ceux qui les possèdent arrivent à se reconstruire ".
Critique à l’égard du « grand récit » qui réduit depuis 1962 l’identité algérienne à l’arabité et à l’islam, son roman souhaite rappeler la pluralité de l’Algérie : Une longue nuit d’absence exhume l’héritage oublié « d’Oran l’espagnole ». Il participe en 2013 à l’ouvrage collectif Pourquoi Camus ? paru à l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur. Il revient sur l’impact de l’œuvre du romancier, qu’il décrit comme "l’un des écrivains-phare de la terre algérienne". Début 2014 paraît Haïti en lettres, récit autobiographique et sensible de son séjour en Haïti en 2012 qui s’est achevé par le festival Étonnants Voyageurs la même année.
Fin 2014, Yahia Belaskri nous est revenu avec Les Fils du Jour, une saga algérienne récompensée par le Prix Beur FM 2015 où il entreprend une incursion violente dans l’Histoire de l’Algérie. Sous sa plume se déploie l’Histoire du pays, du point de vue algérien, de la pénétration coloniale jusqu’à la reddition de l’émir Abdelkader, accompagnée de son lot d’injustices, de violences et de barbaries. Il dresse un tableau historique et spatial tout en dessinant les contours d’un amour transfrontière, transculturel et transreligieux avec une parfaite maîtrise du tempo et du sujet. À travers son personnage principal, El’hadj, il défend un Islam lumineux qui considère la vie comme sacrée, qui prône un métissage culturel des identités et des Hommes, qui transcende et dépasse les questions de couleur et de tribu. Les Fils du jour s’inscrit dans la position humaniste radicale de l’auteur.
El Hadj, couvert d’un burnous blanc à la naissance, est bien le fils préféré du cheikh Moussa. Jeune homme fier, il assiste aux échanges entre son père, sage du village, et le lieutenant Rimbaud, arabophile et traducteur du Coran. Intrépide, impatient, il combat les envahisseurs avec rage. En vain.
Seule consolation, la belle Agathe, une ravissante Espagnole chrétienne, vivant avec sa mère à Sebdou, dans la province de Tlemcen. Le mariage est controversé, Agathe se convertit à l’islam par amour et devient H’jira, la pierre précieuse.
Ensemble ils affrontent les revers de l’histoire, la conquête de l’Algérie par les Français, les attaques et les résistances. Soutenant les luttes de l’émir Abd el-Kader, ils partent, après sa défaite, pour Mecca, Damas et Fès où ils se mêlent aux migrants, construisent leur vie parmi les musulmans, les chrétiens et les juifs et se lient d’amitié avec Réda, Zem, Boros et les autres.